Depuis 2010, la garantie des dépôts bancaires en France se limite à 100 000 euros par déposant et par établissement. En cas de faillite de la banque, la part excédant ce plafond n’est pas protégée. Cette règle, souvent méconnue, expose à des pertes considérables.
D’autres risques guettent les soldes importants laissés sans usage sur un compte courant : absence de rémunération, érosion par l’inflation, frais bancaires supplémentaires et tentations de fraude. Des solutions existent pour sécuriser et valoriser ces excédents.
Pourquoi garder plus de 100 000 euros sur un compte courant peut devenir risqué
Déposer plus de 100 000 euros sur un compte courant revient à franchir la ligne de la garantie bancaire sans filet de secours. En France, le plafond de garantie instauré par le Fonds de garantie des dépôts et de résolution (FGDR) ne protège que les 100 000 premiers euros par déposant et par banque. Tout ce qui dépasse ce seuil devient vulnérable. Si la banque vacille lors d’une crise bancaire, aucune assurance ne viendra couvrir le surplus.
Laisser dormir une telle somme sur un compte courant, c’est aussi accepter que l’argent perde de sa valeur, surtout lorsque l’inflation s’en mêle. Sans rendement, chaque euro laissé là s’efface petit à petit, presque en silence. Et ce n’est pas tout : un solde élevé attire les regards malveillants. Les fraudes et les cyberattaques ciblent plus volontiers les comptes affichant de gros montants.
Voici les principaux motifs de vigilance à garder en tête si vous dépassez ce fameux seuil :
- Garantie bancaire limitée : le FGDR ne couvre que jusqu’à 100 000 euros.
- Inflation : l’argent non placé se déprécie sans bruit.
- Risque systémique : en cas de faillite d’une banque, le montant au-delà du plafond peut s’évaporer.
La Banque de France le rappelle : la garantie s’applique par établissement, pas par compte. Multiplier les comptes dans la même banque ne sert à rien pour augmenter la protection. Pour garder votre argent accessible et à l’abri, il vaut mieux piloter activement les excédents de votre compte courant.
Quels dangers concrets pour votre argent au-delà du seuil garanti ?
La faillite d’une banque n’a rien d’un mythe. La garantie bancaire fait son office, certes, mais seulement pour les 100 000 premiers euros par déposant et par établissement. Tout ce qui dépasse se retrouve en zone grise, sans filet. En 2013, la crise à Chypre a frappé fort : des particuliers ont vu leur surplus d’épargne gelé, voire ponctionné.
Le FGDR intervient, mais jamais au-delà du plafond. Si une crise bancaire d’ampleur surgit, l’incertitude règne. Les procédures prennent du temps, les remboursements sont décalés. Pendant ce laps, impossible de toucher à ses fonds. Que vous deviez régler un achat immobilier, faire face à une urgence ou simplement payer vos factures, tout peut rester bloqué sans préavis.
Trois risques concrets se posent pour les détenteurs de gros soldes :
- Risque de perte en capital : tout ce qui dépasse les 100 000 euros peut être perdu lors d’une restructuration ou d’une liquidation.
- Blocage des sommes : les fonds peuvent devenir inaccessibles durant des semaines, parfois des mois.
- Sort incertain : autorités et liquidateurs disposent d’une marge de manœuvre sur le traitement des comptes au-delà du plafond.
Gérer ses comptes courants en connaissance de cause, c’est reconnaître que la stabilité d’un établissement financier n’est jamais acquise pour toujours. Les dépenses courantes doivent rester sur des sommes protégées ; le reste mérite une allocation réfléchie.
Des solutions simples pour sécuriser et faire fructifier vos économies
Dépasser les 100 000 euros sur un compte courant, c’est laisser son argent s’ennuyer, sans protection ni rendement. Pour éviter ce piège, la diversification s’impose. Commencez par calculer ce qu’il vous faut pour couvrir vos dépenses mensuelles et constituer une épargne de précaution. Le reste ? Orientez-le vers des supports plus adaptés.
Les livrets réglementés demeurent incontournables. Le livret A, le LDDS ou le LEP pour les personnes éligibles offrent à la fois sécurité et disponibilité. Plafonds obligent (22 950 euros pour le livret A, 12 000 euros pour le LDDS), il faut souvent panacher les solutions : multipliez les livrets dans le foyer, ouvrez-en pour chaque membre.
Si votre horizon s’étend au-delà du court terme, l’assurance vie s’impose. Elle offre souplesse, fiscalité allégée après huit ans, et une grande variété de supports : fonds euros, unités de compte, solutions sur mesure. Vous pouvez y placer le surplus non nécessaire à votre épargne de sécurité. Le plan d’épargne bancaire ou en titres complète l’arsenal, à condition de tolérer une part de risque liée aux marchés.
La gestion des transferts et arbitrages n’a jamais été aussi simple grâce aux applications bancaires. Programmez-vous des virements réguliers, surveillez l’évolution de vos soldes, répartissez vos avoirs selon vos besoins et envies. Laisser l’inflation rogner votre capital sur un compte courant n’est pas une fatalité : chaque euro peut travailler à votre profit, en fonction de votre profil et de vos ambitions.
Laisser dormir une fortune sur un compte courant, c’est prendre le risque de la voir s’éroder ou disparaître sans prévenir. À chacun de choisir la stratégie qui fait rimer sécurité, rendement et sérénité. Et vous, votre argent, il dort, ou il avance ?